




Ne pas vouloir tout interpréter par le filtre de la vue.
L’erreur que nous commettons peut-être est de rester emprisonnés dans le piège qu’offre l’interprétation visuelle. Lorsque l’on cherche à interpréter, nous le faisons d’abord avec ce que nous connaissons.
Il y a ce plaisir de la découverte :
– « Ah un punk! »… à la préhistoire?….
-« Tiens un bison », -« là, un rhinocéros », jusqu’ici tout va bien.
-« Oh! on dirait que ces deux paires de cornes sont un écho l’une de l’autre.
– » C’est quoi ces tuyaux tout seuls, des organes? Et là un foetus? Et ici des feuilles ». Nous rentrons dans un autre univers, et pourtant nous restons dans ce qui nous reste familier, connu, identifiable.
Lorsque l’on se penche sur ce que j’appellerais des « formes projetées », nous avons quitté le rationnel. Des pattes animales sur une forme qui s’élance comme un jet et se termine parfois par une tête de consonance animale, cela nous demande plus d’effort. Nous tombons immédiatement dans une volonté d’interprétation. Ce sont les éléments reconnaissables qui nous y amènent, mais que faire alors de la forme intermédiaire?
Et si nous quittions l’aspect reconnaissable et ne voyons que l’imbrication des formes entre elles, sans chercher à les définir par reconnaissance, mais plutôt par l’action qu’elles proposent. Nous pouvons y déceler la possibilité d’un morphing . Une forme qui grossirait, de façon érectile, qui serait d’abord des pattes avec une tête et deviendrait un bison entier.
Nous pourrions aussi ne pas chercher à interpréter, mais à suivre la forme pour ce qu’elle est, juste en suivant ce qui se propose.
On devrait pouvoir se situer au niveau du ressenti, pour cela il faudrait expérimenter un état sans filtre du ressenti intérieur, et c’est peut-être bien ce que propose l’expérience de Lucie Bertrand-Luthereau avec ses dessins multifocaux réalisés en état de transe.
Cette vidéo explique l’arrivée des ces dessins.